Le prix de l’essence…

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Le prix de l’essence…

 

Il y a maintenant deux semaines,  la rumeur se fit grandissante sur la pénurie, et une probable augmentation des prix du carburant à la pompe. Je décidai de sortir m’acheter par précaution quelques litres de boudê, ce carburant frelaté bon marché en vente au bord des routes.

Crédit: legendefmtogo.com
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Surprise, on me dit que le litre était à 800 francs CFA. Tché !!? Quand on le vend à 580 francs, raffiné à la station ? Non ! Je fis le gros dos sur mon deux-roues et décidai d’aller là où c’est moins cher et de meilleure qualité. Je me rendis ce soir-là, dans trois stations-services différentes. Dans deux d’entre elles, il n’y avait pas de carburant. Les pompistes me  firent simplement nonchalamment un signe de la main. On aurait presque dit qu’ils avaient du plaisir à me renvoyer. Les stations et leurs réservoirs étaient vides.

Crédit: légendefmtogo.com
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Dans la troisième station, du carburant il y en avait, mais il fallait voir la queue pour se procurer quelques litres.

Crédit : Google.com
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On racontait dans les queues qu’un peu partout en ville, certaines stations avaient délibérément restreint la vente du carburant par crainte d’une prochaine augmentation des prix. On disait qu’officiellement, les queues observées étaient le résultat de la raréfaction du carburant frelaté, poussant les gens à se ruer vers les stations. C’était donc pour cela que dans ces dernières, il n’y avait pas de carburant. Cette pénurie n’était pas que dans ma zone. C’était ainsi un peu partout en ville et à l’intérieur du pays. Le boudê se fit rare, le raffiné se fit donc naturellement désirer. Sur place, je secouai ma moto et entendis un bruit de liquide à l’intérieur. Je retournai alors chez moi en me disant que j’avais encore de quoi tenir un peu pour mes petites courses…

Ce lundi-là, officiellement il n’y avait pas de pénurie, les prix n’augmenteront pas !

Ce soir-là sur le site d’informations republicoftogo.com on pouvait lire : Pas de pénurie d’essence dans le pays. Le ministère du Commerce était monté au créneau en affirmant « il n’y a ni pénurie ni quelconque projet d’augmentation des prix de l’essence ». Vous voyez quand je disais que mon pays est parfois atypique ? La pénurie était là, réelle, constatée par tous et pourtant officiellement il n’y en avait pas ! Paradoxe ? Même pas. Ici, c’est Togo. Si les officiels disent qu’il n y a pas pénurie, c’est que c’est vrai. Peut-être que le sens du mot « pénurie » a évolué chez nous et ne désigne plus simplement « le manque du nécessaire ». Espérons alors que les stations soient vite réapprovisionnées, ai-je pensé.

Mardi, 24 heures après, tout le contraire se produisit !

Dans la nuit de lundi à mardi, il y a eu un Léger réajustement des prix.  Un arrêté du gouvernement est tombé annonçant simplement les nouveaux tarifs. Les prix ont augmenté !Presque’ aussitôt la pénurie cessa, les réservoirs étaient à nouveau pleins. Quand il s’agit de surprendre, ici nous sommes maîtres. Ailleurs, cette énorme boulette aurait coûté quelques têtes, valu quelques démissions ou du moins, nécessité des explications publiques ! Honnêtement, je suis fier d’être Togolais, mais si on considère certains aspects, je sais aussi que mon pays est un peu atypique. Ce qui ailleurs est suffisant pour déclencher un tsunami médiatique, ici ne produit même aucune vague. Ici, c’est Togo. On s’en moque. Personne n’a de compte à rendre aux citoyens.

Le cours du  baril de pétrole est à la baisse, mais le dollar a grimpé face au franc CFA ; les coûts de transport maritime sont à la hausse. Ce sont les raisons avancées en lisant « La vérité sur la hausse du prix de l’essence. »

Les prix ont augmenté, c’est un fait, mais de combien ? Une affaire de petits sous…

L’essence super sans plomb est passée de 580 à 592, 12 francs de plus.

Le diesel est passé de 630 à 638  francs. Seulement un à deux pour cent d’augmentation en général. Les prix auraient même augmenté plus que cela si le gouvernement ne pratiquait pas une politique de subvention des produits pétroliers selon les informations officielles. Nous devons dire merci.

Nul n’est besoin d’être radin ou expert-comptable pour faire cette analyse simple. Depuis des lustres maintenant, la BCEAO ne frappe plus la petite pièce de 1 franc. Elle a complètement disparu de la circulation

Crédit : Google.com
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La pièce de 5 francs existe toujours, mais ce n’est pas une pièce qu’il faut réclamer. C’est la plus petite valeur monétaire dans nos portefeuilles. Acheter quelque chose et demander la monnaie de 5 francs, c’est limite… honteux à vrai dire. Avec 5 francs, tout ce qu’on peut faire, c’est acheter un chewing-gum ou aller faire un gris-gris ! Mais c’est quand même de l’argent. S’il manque cinq francs dans un million, ce n’est plus un million !

Voyez ou je veux en venir : l’essence super sans plomb le plus utilisé est à 592 francs. Si je tends 600 francs au pompiste après avoir acheté un litre là, il va trouver les 8 francs où pour me remettre comme monnaie ? C’est 5 francs je vais attendre et réclamer maintenant et lui laisser 3 francs ? C’est pareil pour le litre du diesel qui est à 638 francs.

Pour espérer avoir une monnaie raisonnable il faut donc que le nombre de litres de carburant acheté soit multiple de cinq

Exemples : 592*5 = 2960 si je remets 3 000 je prendrai 40 francs

592*15 = 8 880 si je remets 9 000 je prendrai 120 francs

Si les prix étaient fixés à 595, 600 ou 640 francs, ce serait un peu plus simple, mais les gens auraient un peu trop jasé. L’augmentation aurait été trop répercutée sur les prix des produits de première nécessité. Le pouvoir d’achat du Togolais moyen aurait encore diminué. Donc autant laisser les Togolais perdre quelques francs eux-mêmes.

Finalement le coût réel de l’essence nous reviendra plus cher que les prix officiels ! Pour faire simple, achetez des montants et non des litres d’essence. Il vaut mieux acheter 2 027 litres de carburants à 1 200 francs CFA que de laisser 16 francs en disant vouloir acheter deux litres tout rond sinon qui prendra nos monnaies ? Le pompiste ou la station ? Si ce n’est pas un pourboire, c’est quoi ?

 

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Commentaires

modou modou
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Pourquoi ne voit-on pas 1 franc qui circulent

Georty
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Dommage pour le Togo ma chère patrie...au niveau communication zéro+zéro = 0, bref l'état s'en fou royalement de nos états d'âmes!!! Honte a vous!!!..les augmentations de prix des produits pétroliers on en subit tout le temps, faut d'ailleurs préciser que ce phénomène aura des répercussions sur la population, les zemidjan man(taxis motos) et les conducteurs de taxi vont eux aussi aumenter les prix....

Gilbert LOWOSSOU
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merci pour ton commentaire Georgette.
même si l'augmentation des prix est parfois inévitable, qu'elle soit raisonnable, et qu'on prenne le temps de servir
aux citoyens Togolais des explications en bonne et due forme.Jurer aujourd'hui que les prix ne bougeront pas et les augmenter quand même le lendemain, c'est de l'amateurisme pur et simple au sommet de l'Etat.
Humble avis

Benjamin Yobouet
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Hahaha, ça, c'est un véritablement MARKETING POLITIQUE. Ils sont vraiment forts ceux-là. Heureusement qu'il y a des gens comme toi qui voient "CLAIR".

Bien à toi, beau billet !

Gilbert LOWOSSOU
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haha! mon frère.Merci.
Nous autres nous sommes vraiment vigilants