Le Marketing des « entreprises du savoir »
Il est rare en cette période de rentrée scolaire, de passer quinze minutes devant une télé ou à écouter une radio sans être sujet au spot publicitaire d’une université privée. Même en ville, dans les rues, les panneaux géants sont présents. C’est la saison des moissons. Il faut récolter les nouveaux bacheliers !
En fait, la question de l’emploi des jeunes est une épée de Damoclès au-dessus de la tète des gouvernements. Ils en font des politiques, élaborent au fur et à mesure des stratégies pour relever les indicateurs. Nous sommes néanmoins encore très loin du compte ; le nombre de diplômés ne cesse de croître, de même que celui des nouveaux bacheliers chaque année. Contrairement au nombre de places disponibles.
Le discours politique change même à ce sujet; « on ne doit plus créer des flux de chômeurs », « on n’aura besoin de juristes, d’économistes, mais on n’en aura pas besoin d’autant qu’on en forme aujourd’hui » « les jeunes doivent aller vers les filières qui débouchent sur les secteurs porteurs »! Etc.
Il faut le reconnaitre, la situation est difficile, compliquée. Il n’y a pas assez de places pour tout le monde. Mais tout le monde doit rêver, aspirer à un métier, une profession. Mieux vaut avoir le diplôme et attendre le travail, que l’inverse ; tout le monde doit étudier.
Alors quand la rentrée approche, chaque école, institut de l’enseignement supérieur se jette dans la course. Les nouveaux bacheliers sont une manne. Des clients qu’il faut prospecter et séduire par tous les moyens.
Chaque école supérieure réalise son meilleur spot publicitaire ; on montre des étudiants fièrement vêtus, contents de monter des escaliers et ascenseurs pour se rendre dans des salles de classe climatisées. L’on montre des images d’archives de cérémonies de remises de diplômes, les étudiants en toge. Tout porte à croire qu’un quelconque emploi est garanti.
Ces écoles en appellent à la responsabilité des parents. Elles jouent sur la corde sensible. C’est ainsi que vous entendrez dire dans certains spots, « Parents, pour garantir l’avenir de votre enfant, choisissez telle ou telle école ».
Elles promettent d’offrir des stages pratiques, des ordinateurs portables aux étudiants. On rassure que les diplômes sont reconnus par telle ou telle organisation de l’enseignement supérieur, sur tel continent. On cite un chapelet d’universités internationales soi-disant partenaires. On se vante d’avoir des professeurs qui viennent de l’étranger, dispenser des cours de qualité.
Elles se targuent d’accorder une place importante aux Tics. Elles créent toutes sortes de filières. A entendre le nom de certaines filières, tu te demandes à quoi ça sert, d’autres te donnent l’impression que chômer sera impossible. Tous les diplômes sont sur la table ; il suffit de payer pour.
On promet que les étudiants pourront poursuivre leur cursus sous tels cieux, qu’il y a des bourses disponibles qui n’attendent que les premiers inscrits.
Bref, tout est fait pour vendre du rêve aux étudiants. Oui, du rêve. Car c’est bien une autre réalité sur le marché de l’emploi, c’est une jungle dans laquelle, seuls les plus forts arrivent à se faire une place.
Parce qu’en réalité, tout n’est pas comme ça devrait. Tout ce qui brille n’est pas or. Il faut s’inscrire pour savoir qu’en fait, il n’y a que les mêmes professeurs qui interviennent dans toutes les écoles !
Qu’à la fin de la formation, vous n’aurez pas de stage d’office
Que les universités internationales citées comme partenaires n’en sont pas en réalité.
Parfois même, que votre diplôme ne sera pas reconnu quand le moment viendra de postuler pour certains postes, ou pour intégrer certaines universités.
Mais quand même, ce marketing marche !
Nombreux sont ces nouveaux étudiants qui choisissent leurs instituts sur la base de l’emballage qui leur est présenté.
Ils ne cherchent pas à connaitre les offres de formations, savoir les cours que proposent les différentes écoles pour en faire la comparaison. Rien de rien. Ceux-ci organisent chaque année des fêtes pour les étudiants, ils ont un bel uniforme, un joli cadre d’études. Hop ! Je m’inscris !
Il n’y a aucune réflexion de fond qui se fait, aucune orientation, autre que celle qu’on se donne après avoir été exposé aux actions de marketing de ces « entreprises du savoir ». C’est bien dommage.
Récap.
La plupart des instituts d’enseignement supérieur privés sont aujourd’hui, de véritables entreprises. Elles communiquent énormément pour attirer des étudiants. Ce qui est tout à fait normal d’ailleurs. Personne n’aime n’investir à perte. Libre à elles de « se vendre ».
Ce que je déplore malheureusement, c’est la publicité mensongère; le fait qu’on fasse miroiter aux jeunes gens, une image déguisée de la vraie réalité du marché de l’emploi.
Qu’on leur promette une formation de qualité qu’ils ne recevront pas toujours.
Ce qui me désole c’est que nos jeunes frères, de même que les parents ne se limitent la plupart du temps qu’à l’emballage, pour choisir les écoles qui dessineront leurs carrières en posant les bases de leur compétence professionnelle.
Comme personne ne trouve cela important à dire, moi j’ai écrit.
Vous savez que quand je parle de vous, c’est de nous qu’il s’agit !
Commentaires