Pour que prospère un couple…

Article : Pour que prospère un couple…
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30 octobre 2015

Pour que prospère un couple…

Pour qu’un couple ait une chance de réussir sous nos cieux ; du moins pour qu’il y ait une paix relative dans le foyer, la règle de base est simple : le beau-fils doit plaire à la belle-mère, la belle fille au beau-père et inversement.

C’est souvent ainsi parce que nous sommes profondément attachés à nos familles : « C’est à l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle » dit-on.

En réalité, l’amour entre deux personnes n’est pas une raison suffisante pour leur bonheur conjugal. Le couple chez nous, c’est « un homme qui quitte son père et sa mère pour faire un avec sa femme, et en faire coépouse à sa mère ! ».

Ailleurs, peut-être qu’on se soucie peu des desiderata des uns et des autres et que chacun est libre de faire sa vie. Mais à l’ombre de nos coutumes, pour que réussisse un couple, il va de soi qu’il faut d’abord recevoir le quitus familial de part et d’autre ! Parce que si tel n’est pas le cas, le jour où vous aurez des problèmes, vous serez les seuls à en pâtir. Les jeunes qui s’aiment passionnément et sont prêts à se battre pour rester ensemble coûte que coûte bien souvent finissent par s’essouffler et revenir à la raison de peur de devenir des parias.

Autrefois, à nos pères et mères et aux leurs, on choisissait et imposait l’épouse ou le mari sans qu’il ne leur soit laissé aucune latitude pour « choisir ». A nous, à l’inverse il est offert la liberté de faire nos « propres choix » mais bien souvent, pas sans contraintes diverses : on n’épouse pas qui on veut ; on ne se marie pas uniquement par amour.

Entre autres choses à faire pour que votre couple réussisse, il faut dès le départ:

1-Faire un choix qui correspond au canevas familial

Ceci est indispensable. Je le disais plus haut, on n’épouse pas qui on veut.

Dans certaines familles, on n’accepte pas tout le monde. J’ai des exemples. Même moi, on m’a laissé entendre : « Tu es beau ? On fait rien avec ça » et comprendre que si je n’étais pas métisse, Blanc ou fils de Crésus, je ferais mieux de l’oublier rapidement…

C’est clair que pour devenir le beau-fils ou la belle-fille de certains messieurs et dames, il faut soit avoir un CV impressionnant, un statut social intéressant, un compte en banque fanfaronnant ou un arbre généalogique très attirant (c’est votre père le grand avocat renommé que tout le monde connaît ; votre oncle est le directeur de cette société-là, votre grand frère est le grand importateur de tel produit que tout le monde consomme), parfois être le cousin direct d’Aphrodite ou tout ceci à la fois.

Vous devez savoir ce qui « plaît » dans votre famille. Si vous savez que chez vous, on supporte difficilement les chauves, évitez de ramener à la maison, le jeune homme qui déjà à vingt ans voit sa chevelure perdre son poids ; de peur que d’ici au jour de votre mariage, il n’ait le crâne rasé !

Vous devez savoir aussi si vous êtes un homme par exemple, que pour passer et réussir le test de compatibilité dans votre famille, il faut que la fille que vous fréquentez ait les yeux bleus, le teint jaune, les cheveux blonds, le corps gracieux et la tête bien pleine. Sinon, après le jour où elle mettra pied chez vous pour la première fois, vous ne l’inviterez plus jamais, tellement on vous aura raillé !

L’origine ethnique est un critère parfois déterminant. Si vous vous en passez, on risque de vous demander dans votre famille « c’est jusqu’à cinq cents kilomètres de chez toi que tu es allée trouver ton homme-là ? Toi tu n’as trouvé aucune femme plus près ? Le jour où ton beau-père décèdera, nous ne pourrons pas t’accompagner jusque-là bas pour les obsèques !»

Vous devrez donc gentiment dire un « non merci » sec au ressortissant de la région des savanes qui vous fait la cour avec fougue, « un désolé » ferme au descendant de kotokolis (qu’on dit êtres sales et peu hygiéniques) ou « un dégage militaire » à l’originaire de la préfecture des lacs (nous autres dont on dit que nous sommes avares, ne traitons pas bien nos femmes, et pourtant !).

Si votre conjoint ne plaît à personne d’autre à par vous-même, soyez certains que vous aurez tous les problèmes du monde ! Vous serez seul à porter votre croix.

2-Séduire sa belle-mère

Cette règle-ci s’applique aussi bien pour l’homme que pour la femme. Vous devez savoir qu’une belle-mère comblée, c’est l’assurance que vous aurez un foyer paisible. Elle veut être sûre que vous êtes ce qu’il y a de mieux pour son fils/sa fille. De temps en temps, passez lui dire bonjour ; n’arrivez pas toujours les mains vides. Elle risquerait de se demander si vous n’êtes pas pingre, ou si vous pourrez lui donner de quoi se nourrir, un jour. Pour faire bien, une fois sur quatre pensez à lui amener des carpes rouges fraîchement pêchées (je connais des adresses à Lomé), accompagnées de quelques vivres (riz, tomates, huile végétale, etc.) pour sa sauce ou le cas échéant, une enveloppe avec au moins un billet vert de francs CFA (faut pas laisser deux mille et partir sinon, les insultes n’en seront que multiples). Discutez de temps à autre avec elle, laissez-la voir que vous êtes bien éduqué, gentil, amoureux de sa fille et prêt à tout pour elle. Ceci doit perdurer même après avoir obtenu la main de la fille.

3-Devenir ami avec son beau-père

Dans beaucoup de maisons, le papa ne plaisante pas. Depuis longtemps vous venez chez sa fille. Vous le saluez, il vous répond toujours sagement, sans broncher. Jusque-là il vous voyait venir. Le jour où vous rentrerez dans la maison soi-disant pour « le voir » lui-même, au sujet de sa fille, vous saurez s’il se chauffe au bois de chêne ou au teck ! Alors, pour préparer le terrain, dès le départ, soignez votre apparence. Ne débarquez pas n’importe comment, faites l’effort d’envoyer par le biais de la fille ou par vous-même, quelques bouteilles de vin ou de scotch (de grande qualité s’il vous plaît). Montrez-vous toujours serviable et disponible à son égard. Au moment venu, avec l’appui de votre belle-mère déjà conquise, il cèdera sans trop vous chercher des poux.4-Se rééduquer aux manières de sa belle-famille.

Soyez sûr d’une chose : après votre départ de la maison de votre belle-famille après chaque visite, les gens peuvent se réunir en conclave pour apprécier vos comportements. « Lui il ne sait pas qu’avant d’entrer chez les gens on enlève les chaussures ? Tu ne lui as pas dit qu’on ne s’assoit pas n’ importe où chez les gens? Il ne sait pas qu’on ne vient pas chez les gens à midi ? Il calcule l’heure de la bouffe pour débarquer ou comment ? On ne lui a pas appris qu’une fille ne reste pas assise quand elle voit son futur beau-père faire sa lessive ? Pourquoi eux ils parlent *wouya wouya comme ça chez eux ? Ils ont une tare dans leur famille ou comment ? »

5- Se hâter de donner un enfant !

Ce point est crucial d’ailleurs ; que l’enfant soit un don de Dieu ou pas, les gens s’en moquent. On conçoit mal une femme qui vient au foyer « manger l’argent de l’homme » et ne pas être en mesure de donner un enfant. C’est souvent ce que pensent les belles familles. Comme souvent, c’est « la femme qui ne donne pas d’enfant ! » croit-on.

Sinon, vous verrez la mère de l’homme débarquer un matin à cinq heures sans prévenir pour donner à la femme un ultimatum ! : « Si dans trois mois tu n’es pas enceinte, tu fais tes valises ! » ou celle de la femme (ce qui arrive le moins souvent si l’homme est riche au moins hein) accourir pour dire à sa fille : « prends tes choses on s’en va, moi je veux des descendants ! on va te trouver un homme qui puisse tirer à balles réelles ! »…

Tant d’histoires d’interventions familiales et sociales qui fragilisent les couples…

Beaucoup de parents demandent aux jeunes de faire des choix aujourd’hui qu’ils ne regretteront pas demain (se basant sur leurs propres expériences), certes pour leur bien ; mais les jeunes ne voient pas toujours aujourd’hui le mal qu’eux ont mis toute une vie à déceler. Le sucre ne sert à rien quand c’est le sel qui vous manque…

Rien ne garantit qu’épouser celle ou celui qui à vos parents aura plu fera votre bonheur. Qui se marie d’ailleurs ? Les parents ou les jeunes ? De qui doit-on considérer les désirs ?

Sommes toutes, n’oubliez pas que le mariage est sacré; que l’homme ne sépare point ce que Dieu aura uni… Qu’il soit fait à chacun selon sa volonté !

Quand je parle de vous, c’est de nous qu’il s’agit !

 

*Parler wouya wouya : parler sans retenue, sans contrôle, en désordre et parfois sans aucune logique.

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Commentaires

sur la compatibilité des prénoms
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Merci pour toutes ces informations. Ça aide bien à réfléchir et quand j’y pense, même si deux personnes sont compatibles sur presque tous les points, il ne faut pas négliger les conseils et les points de vue des personnes qui nous entourent pour que la relation soit plus stable.

Georty
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C'est tellement vrai ce que tu as écrit Gilbert, rien à ajouter..

Gilbert LOWOSSOU
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Merci Georty
J'ai promis de révéler les secrets de polichinelle
Dire la vérité en est le soubassement

Albert KAMDEM
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C'est curieux de voir à quel point les familles africaines se ressemblent ! Ce que vous peignez dans ce billet est une belle réalité ici au Cameroun comme dans beaucoup de pays africains.

Bien écrit !

Gilbert LOWOSSOU
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merci pour ton commentaire
Nos familles se chauffent au même bois alors haha

Guillaume DJONDO
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Excellent billet. J'ai adoré le voile que tu as levé sur les étiquettes.

Gilbert LOWOSSOU
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Merci boss!je crois que tu fais partie aussi de ceux dont on dit à tort qu'ils ne prennent pas soin de leurs femmes?lol