Togo élections : Mon analyse de l’électorat !

Article : Togo élections : Mon analyse de l’électorat !
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12 avril 2015

Togo élections : Mon analyse de l’électorat !

 

C’est encore repartit ! Quinze jours durant, chaque candidat va sortir tous les tours qu’il a dans son sac. Les discours mielleux rivaliseront de douceur ; les promesses de campagne se feront par centaines ; ils joueront à qui ment le mieux même si tout le monde sait qu’elles ne seront pas tenues, ces promesses.

Sur ce point justement :

A chaque échéance électorale, je n’arrive toujours pas à comprendre. Il y a comme une sorte de voile qui couvre la volonté réelle de beaucoup de mes concitoyens. Oui parce que presque tous les jours, on ne cesse de les entendre dire : « on en a marre », « ce pays est mal gouverné » ; « il n’y a que ceux-ci qui s’accaparent de toutes nos richesses « ; « il n’y a pas de boulot, les choses doivent changer » et tout le chapelet ou plutôt les litanies du calvaire quotidien du togolais.

 

urne

Pourtant ils votent toujours de façon paradoxale. « Je ne veux pas ici dire qu’on détourne leurs votes ». J’ai essayé de justifier par la fameuse citation « la religion est l’opium du peuple » mais je n’ai point trouvé de satisfaction. Ce n’est pas ici le cas.

Je crois qu’ici plutôt, c’est « la misère qui est l’opium de peuple ». Sinon comment expliquer que  les mêmes qui critiquent le pouvoir en place, qui s’indignent même d’être togolais quand on fait cas de leur situation,

Comment justifier que des gens qui sont prêts à marcher dans les rues pour réclamer le changement, les réformes et qui sont prêts à prêcher les insuffisances des pouvoirs publiques dans la gestion du pays se retrouvent du jour au lendemain à être de vrais griots pour le candidat qu’hier ils ont désavoué ?

credit: pixabay.com
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Tellement ils sont faciles à berner ; que des votes influencés

En réalité l’équation est très simple : pendant la période électorale, tout le monde veut manger un peu. C’est une période durant laquelle les générosités sont monnaies courantes. On ouvre un peu les vannes des ressources de l’Etat. Même moi je n’aurai aucune honte à ouvrir la main si on venait à me tendre une liasse. Parce que celui qui me la tend, n’a en rien souffert pour l’avoir certainement. Elle provient à coup sûr des recettes nationales qui toutes nous appartiennent et dont j’ai aussi légitiment droit !

Que le vote coûte cinq  ou dix mille, les gens sont partants ! Au moins pour un ou deux jours, ils mangeront quelque chose.

Beaucoup ne demandent même pas autant : il suffit de leur remettre quelques gadgets : un t-shirt  et une casquette à l’effigie du candidat hier critiqué, et un billet de mille franc pour le carburant. Les voilà en tête des cortèges sans fin ! Leur zèle ne vient guerre de leu détermination ou d’une quelconque foi en ce candidat.

Plus vous allez vers l’intérieur du pays, plus la misère des populations est grande et donc plus ils sont susceptibles de monnayer leurs votes. Des bicyclettes par ci, des sacs d’engrais par là ; des brouettes et des houes pour le champ, tout est bon pour amadouer le pauvre togolais.

Ce qu’ils oublient, c’est qu’à chaque fois qu’ils se laissent berner, ils retardent encore la réalisation du changement qu’ils veulent voir se produire.

Ce constat m’est apparu si réel et vérifié, à telle enseigne que j’ai voulu donner pour titre à  ce billet cette brillante conclusion de la bible : « mon peuple périt faute de connaissance ». Une juste conclusion pour ne pas parler d’achat de consciences. Oui parce que combien sont-ils savoir quel est le projet de tel ou tel autre candidat ? combien se demandent quelle vision ils ont pour les étudiants, les artisans ? Les médecins, les enseignants ? Combien demande comment tel ou tel candidat voit le pays dans cinq, dix ans. ? Beaucoup votent à l’aveugle.

Il vaut mieux s’abstenir que de voter inutilement. Parfois je ne méprise pas ceux qui décident de rester à la maison le jour du vote, mais je crois toujours que c’est laisser les autres décider à votre place. Vous n’aurez pas votre mot à dire après, parce que quand il s’est agi de vous exprimer, vous vous êtes tus.

Beaucoup de mes concitoyens j’en suis persuadé voteront en fonction des influences dont ils font l’objet. Le raisonnement est tel qu’on vote pour quelqu’un non pas pour ses projets, mais juste parce qu’on est de la même ethnie ou qu’on partage une même langue.

Le togolais donne mandat à un candidat juste parce que c’est toujours à son parti politique que toutes les générations de sa famille ont toujours voté par le passé.

Certains quartiers ont même reçus des étiquettes pour ça et ils en pâtissent. Il n’est alors pas rare de se rendre dans une zone du pays et de se demander pourquoi ceux-là sont si oubliés ? On vous dira : « c’est parce qu’ici, ils sont fidèles à l’opposition ». Certes il n’y a pas de mal à ce qu’un quartier, une ville ou une région entière soit fidèle à un parti politique ou une tendance. Chaque force politique à son fief, c’est normal. Mais ce n’est pas une raison qui oblige automatiquement tout le monde à se ranger dans la même logique ! Le contraire est courant au Togo !

Entre se mettre cinq mille dans la poche et se muer en griot pour un candidat qu’on se mettra à critiquer le mois suivant et voter utile, pour celui en qui on a foi, celui dont le projet de société cadre avec notre volonté, que choisissons nous de faire ?

Ma consigne de vote!

Tout ceci pour attirer un peu l’attention de mes chers compatriotes. Ne votons pas pour voter, votons utile. Ne  salissons pas nos doigts avec des encres dites indélébiles, qui s’effaceront quand même avec tous nos souhaits dès le lendemain du vote.

Faites campagne, militez pour vos candidats mais de grâce, que vos consciences ne valent pas moins cher que vos idées. Le vote est un devoir citoyen sacré et puissant. C’est une force souveraine dont il faut faire usage à bon escient.

Que la préservation de la paix prévale dans vos esprits.

image : google.com
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Togolais viens, bâtissons la cité,

Que Dieu bénisse le Togo.

 

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Commentaires

Benjamin Yobouet
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Giltek, chapeau pour ce billet, qui vient à point nommé au moment où plusieurs pays africains sont dans le processus des élections. Cette situation que tu décris là n'est pas l'apanage du Togo. Il est bel et bien réel en Côte d'Ivoire (mon pays), Cameroun, Bénin, Sénégal etc. Moi je pense sincèrement le problème se pose à deux niveau et tu l'as pratiquement dit: la misère du peuple et surtout surtout un problème de mentalité. Malheureusement, les concernés ne liront certainement pas cet article. Cordialement :) !

Gilbert LOWOSSOU
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Benjamin, merci pour ton commentaire!
Je crois qu'un jour (et ce n'est malheureusement pas demain la veille, ) les consciences seront eveillées et plus personne ne pourra acheter qui que ce soit.

Guillaume DJONDO
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Merci Giltek pour cette analyse. Beaucoup d'amis dans mon entourage mon exactement servi le même refrain "l'argent qui est distribué est celui des impôts à nous prélever. Pourquoi se retenir de le prendre ? Nous serons seuls dans l'isoloire le jour du scrutin. Ils pensent que nous sommes bêtes, on va leur prouver que nous sommes plus malins."

Ce qui est désolant c'est que nous en soyons arrivés là. Là où nous pensons qu'au lieu de faire des votes sanctions, de s'abstenir de donner l'impression à celui qui nous tyranise, nous affâme et revient nous apâter avec quelques billets, qu'il est adulé. C'est triste tout simplement !

"Une grande partie de la jeunesse qui monte n'est pas éduquée à des valeurs, ni à des principes. C'est une jeunesse qui veut "réussir" par TOUS LES MOYENS. Ceci est un danger pour la société et les générations futures". dixit Frédéric Gakpara

Amitiés !

Gilbert LOWOSSOU
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Merci pour ton commnentaire confrere!je suis content de savoir que l'opinion est partagée et que d'autres que moi ont fait le meme constat.C'est une election sans enjeux de toute facons.y a qu'a voir la motivation meme des "campagnards"(ceux qui font campagne) .rires.elle est molle!

Fotso Fonkam
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C'est vraiment un paradoxe, cher giltek: on réclame le changement à tue-tête, et quand l'occasion de faire la différence se présente, on préfère troquer 5 ans de misère et de galère contre 5 mille francs, ou moins! C'est ce que nous vivions ici (au Cameroun) à chaque élection présidentielle.

Gilbert LOWOSSOU
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Will, c'est à croire que les gens ne savent plus ce qu'ils veulent.Je dirai même que pour beaucoup, qu'importe qu'il y ait une alternance ou pas, l'essentiel, c'est de trouver quelques billets à se mettre dans la poche!

Fotso Fonkam
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La réalité c'est que le peuple a tellement été trompé qu'il ne fait plus confiance a personne. Chacun pense à son ventre et à rien d'autre. On vit au jour le jour, on vit l'instant présent. Pauvres de nous.

Gilbert LOWOSSOU
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oui c'est bien cela.Et triste c'est.
De toutes les façons, notre élection prochaine ne me passionne guerre.le rendez-vous de l'alternance sera certainement reporté pour cinq autres années.