Le togolais et le français !

Article : Le togolais et le français !
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23 septembre 2014

Le togolais et le français !

Le Togolais et le Français

J’ai souvent l’habitude pour me moquer un peu de dire ceci «  Quand un Ivoirien, un Sénégalais, un Malien, Gabonais, Congolais ou Camerounais parle, tu le sens en même temps ; tu devines sa nationalité à son accent. Mais quand un Togolais s’exprime, tu te demandes d’où il vient, tellement son français est « parisien ». Bientôt, je ne serai plus en mesure de ma vanter ainsi.

Pourquoi ? Parce que « Le français n’est pas ma langue maternelle ! ». A cause de cette excuse, que nous brandissons un peu trop souvent maintenant.

La situation

En réalité, très souvent nous ne sommes pas en mesure de nous exprimer correctement en français ; c’est un fait, ici au Togo. Des collégiens  aux autorités (tous confondus) en passant par les universitaires (étudiants et professeurs hein), il n’est pas rare de croiser des gens qui ont des difficultés à s’exprimer.

Pour peu qu’on leur pose une question à laquelle ils ne se sont point préparés au préalable, ça y est, « la vase » est cassée ! Les « le » et « la » se heurtent aux verbes dont les conjugaisons ont les caractéristiques de vraies incantations (j’exagère un peu).

Combien de fois n’ai-je pas zappé des chaînes locales pour éviter d’assister à la descente aux enfers d’un invité par l’ascenseur du français. Pour preuve, le concours national Miss Togo. Quand des candidates en troisième  année de licence, en master 1, 2  et 3 (qui sait ? rire) , en plus dans des domaines ou le bien parler et l’art de se faire comprendre sont indispensables ; des candidates qui ont passé au moins 13 ans à étudier enfrançais (du cours primaire au Bac)  ont du mal à aligner deux phrases correctes.

La situation est plus criante dans les universités, où ceux qui sont censés être les « cerveaux » de la nation, sont ceux qui souffrent le plus de ce mal. Oui c’est un mal de ne point être en mesure d’exprimer distinctement ses idées, non pas parce qu’elles ne sont pas claires, mais parce qu’on n’a pas les mots pour le faire.

C’est devant une copie d’examen qu’on se surprend à être incapable de se souvenir de l’orthographe de « mourir » par exemple. On ne sait plus trop si c’est avec un seul « r » ou non, ou simplement quelles phrases écrire pour expliquer correctement notre point de vue sur la situation politique de notre pays.

Combien de fois cela  nous arrive par jour ?

Les artistes de chez nous ne passeront point la présélection. Beaucoup de journalistes de la presse écrite, de présentateurs télé ne réussiront pas l’entretien! Même les hommes politiques ne sont pas épargnés ! C’est grave !

Les causes

Le problème togolais en particulier est profond. Pour peu que tu commences à t’exprimer en français dans ton entourage, on te targue « il joue à l’intello », tellement de fois que tu reviens naturellement au vernaculaire, sans même t’en rendre compte et tu commences à presque « perdre »ton français !

Même en classe, dans les écoles et à l’université, professeurs et élèves se mettent au vernaculaire. Les SMS que nous écrivons quotidiennement y sont pour beaucoup.

Les enseignants en sont aussi responsables. Car que peut bien enregistrer un apprenant si celui qui en face de lui est chargé de dispenser le savoir a des connaissances erronées ?

A tout ceci, on peut ajouter l’allergie profonde que nous développons face aux livres. Même la radio, nous n’écoutons plus. Nous enregistrons tout ce que se dit à la télé et le répétons sans nous même en déceler les failles. Si ce « monsieur a pu dire ceci à la télé, c’est que c’est comme ça qu’on le dit ». Un peu comme des moutons, nous copions quoi. (Rire)

Je n’en ferai point un roman, le niveau de l’éducation nationale est en chute libre. Messieurs les ministres des Enseignements supérieur, primaire, secondaire et de l’alphabétisation, Au travail !!!

Certainement vous allez rechercher des coquilles, des fautes d’orthographe, des verbes mal conjugués dans mon texte ! Ne vous fatiguez surtout pas hein, Je ne suis pas moi-même étranger à tout ça. En fait, à moi-même il arrive de « gbanzéa » (faire une faute de français), parce que quand je parle de vous, c’est de nous qu’il s’agit. !!

Pour commencer à éviter certaines erreurs en orthographe, suivez ce lien Source 

 

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Commentaires

kokou
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Salut j'aime ton blog.je veux quand même savoir pourquoi les élèves togolais ne s'expriment pas en français même en classe pendant les cours?

peguy
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La question que vous avez abordé est à la fois pertinante et délicate, à savoir le problème de la langue française en Afrique et plus précisement au Togo. Cependant, ce que je n'ai pas apprecié dans cet article c'est son introduction, la quelle est non seulement constituée d'une déclaration un peu erronée mais aussi d'un contenu qui n'a pas sa place dans cet article. Pourquoi se moquer des autres qui parlent avec leur accent, ne serait-ce pas une forme de complexe d'inferiorité envers les français et de supériorité en vers tes frères africains? Je voudrais tout d'abord dire qu'une langue change selon le contexte géographique, culturel et temporel et dire que le togolais n'a pas son accent propre à lui c'est comme vivre sur une autre planète. Bien sur qu'il en a!!!!!! Et ceci doit etre une fierté pour vous car c'est ça qui vous identifie et vous ne pouvez pas vous en rendre compte car on ne peut pas voir son dos, vous le saurez seulement si quelqu'un vous le dit... Ne me demandez pas d'énumerer ou de dire comment il est votre accent!!!...
En fait, suite à la lecture de tous les commentaires précedents, je tiens à préciser que le problème du français au Togo et dans certains pays africains varie plus ou moins d'un pays à l'autre selon que la langue est officielle ou véhiculaire(c'est-à dire la langue qui sert de communication pour tout le peuple). Prenons le cas des deux Congos: LA REPUBLIQUE DU CONGO(BRAZZAVILLE) et la REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO( CONGO KINSHASA) . Le Congo Brazzaville a le français comme langue officielle et véhiculaire tandis que le congo Kinshasa l'a comme langue officielle et le lingala comme langue véhiculaire cependant le lingala est la langue nationale dans les deux pays. Le Togo se trouve dans le second cas, autrement dit au Togo la langue nationale est véhiculaire tandis que le français sert juste à l'administration...
De ces 2 catégories illustrées, on comprend donc que si dans certains pays africains le français se parle dans la rue et est comme outils de communication ( à l'instar du Congo Brazza,du Gabon, du Cameroun, de la Cote d'Ivoire,etc) et dans d'autres elle sert juste aux organes de gouvernement, à l'administration, aux tribunaux, aux registres publics,aux documents administratifs, etc( tels que le Togo, le Congo Kinshasa, Mali, etc.) on comprendra que le problème peut effectivement varier selon les catégories de pays. Il sera par exemple plus accentué au niveau de l'expression orale chez le Togolais que chez le Gabonais par exemple, car le Gabonais sera plus fluide et aura un lexique très riche par rapport au Togolais tout simplement parce qu'il parle fréquemment français avec ses compatriotes et c'est tout à fait normal puisque le français est sa langue maternelle. Le Togolais par contre aura cette aisance à mieux écrire car le français est sa seconde langue et il l'emploie plus à l'écrit. Et c'est pour ça qu'on a tendance à dire que le togolais ou le congolais de Kinshasa ne sait pas parler français...
En dépit du fait que les problèmes liés au francais varient selon les pays et les catégories de pays, il n'en demeure pas moins vrai que dans tous ces pays, le culte de la lecture n'a plus sa place chez les jeunes et du coup on assiste à cette carence au niveau de l'expression écrite et orale. N'oublions pas aussi que ce problème ne touche pas seulement les jeunes africains francophones, il est bel et bien présent en france et il fait des ravages chez les jeunes français.
NB: Ceci n'est qu'une observation/constat et n'oublions pas que c'est l'exception qui fait la règle!!!!!!!!! Peace and Love!!!!!!!!!

Gilbert LOWOSSOU
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J'adore votre commentaire!vraiment merci.
Il est tres instructif.vous avez parfaitemrnt.le droit de revendiquer cette position qui est dailleurs claire et justifiée clairement.malheureusement, vous avez par aniticipation refusé de decrire un peu comment est l'accent togolais

Gilbert LOWOSSOU
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Ce qui aurait eté interessant !encore merci.mais je ne pensais le fait que les togolais naient pas daccent comme une forme de superiorité par rapport aux autres locuteurs francophones d'afrique!je me demandais si nous en avions???libre a vous de nous dire: quand vous togolais parlez, voila a quoi xa ressemble!

Albert KAMDEM
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oui mon frère, je trouve que tu fais une brillante analyse a travers ce billet. Je pense que ce problème est plus accentué dans les pays africains parce qu'il n'existe presqu'aucune politique du livre. les livres adaptés a l'enfance, a la jeunesse, avec des contenus attractifs pouvant donner aux jeunes le plaisir de lire sont rares. de ma mémoire de lecteur, les livres que j'ai vraiment aimé sont soit auteurs étrangers, soit des maisons d’éditions étrangères.

merci, frère, j'ai bien aimé.

job daves.

Gilbert LOWOSSOU
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je te remercie pour ton commentaire mon frère . Tu as fait un constat réel , par rapport à la politique du livre.
Mais, si on creuse bien, on se rend compte que il y a bien des livres d'auteurs africains au programme.Au Togo par exemple, les camara laye,cheikh Anta diop et autres sembene ousmane sont ben représentés dans la littérature. ce u'il y a , c'est que les jeunes même refusent de lire

Au plaisir

haut français
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Au XXIe siècle, l'Afrique francophone prend le relais de l'Europe. Merci de traiter la langue française mieux que les Français (qui l'ont abusée)!

Yanik
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Excellent billet Giltek!

Le problème de la lecture est généralisé (pas uniquement en Afrique). En France,ce n'est pas que les jeunes ne lisent plus mais la capacité de concentration s'est limité avec l'usage des nouvelles technologies. Les gens lisent uniquement des contenus courts et dont la rédaction est plus proche du langage parlé que du littéraire.

Bienvenu sur Mondoblog et bonne continuation!

Gilbert LOWOSSOU
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Merci mon frère!

Sally Bilaly Sow
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c'est une réalité pas seulement chez vous, mais aussi en Guinée !

Gilbert LOWOSSOU
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hélas nos pays sont tous dans le même bain!

mokhtarniang
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Cette baisse du niveau en français est imputable au niveau des enseignants. Bon nombre de professeurs parviennent difficilement à s'exprimer correctement en français. Et telle une hérédité, ils transfèrent ce déficit à leurs élèves. Autre fait et non des moindres, les jeunes ne lisent plus. Ils préfèrent regarder la télé au détriment de la lecture...

Gilbert LOWOSSOU
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Oh que tu as raison; c'est rare de trouver un jeune avec un livre en main.même sur internet, il y a plein de livres sous forme numérique, mais que dalle!
on ne lit plus

Solo NIARE
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Un très beau tableau qui dépeint la réalité de plusieurs pays africain. J'ai aimé le texte
Mondolcome, Mondoblogueur :-)

Gilbert LOWOSSOU
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Merci ainé! merci de m'acceuillir

Anne Christelle
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C'est définitivement une réalité africaine. Parler un français approximatif sert de référent, de norme plutôt que d'exception. Que faire, encourager plus de lecture, je ne sais.. Mais le mal est bien présent.

Gilbert LOWOSSOU
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Tu as absolument raison! Je suis sûr que ton français en tout cas, est forcément enviable, proche de la perfection.
Tu ne fais pas parti de nous autres lol

Fotso Fonkam
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La situation que tu décris dans ce billet est, à quelque chose près, la même que nous vivons au Cameroun.
Et c'est en réalité un cercle vicieux, car les plus jeunes regardent la télévision, et automatiquement enregistrent ce qu'ils entendent. Au finish, le niveau de langue baisse dangereusement.

Fotso Fonkam
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À mon avis, il faudrait commencer par mettre l'accent sur l'éducation de base au niveau du primaire: les règles de grammaire, d'orthographe etc. Parce que la plupart des apprenants arrivent au lycée avec des bases très peu solides. Et généralement il est trop tard pour y remédier.
Ensuite, un contrôle systématique de la qualité des productions audiovisuelles ne ferait pas de mal.
Pour terminer, l'implication des jeunes eux-mêmes est indispensable. Je pense par exemple au langage SMS et aux posts sur les réseaux sociaux qui n'aident pas à apprendre l'orthographe des mots.
Il y a beaucoup à faire.

Gilbert LOWOSSOU
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Bien dit Will! Tu as parfaitement raison.C'est vrai que nous trainons les lacunes des classes élémentaires qui finissent par devenir des "lagunes" après et c'est trop tard.Espérons qu'on nous entende!

Fotso Fonkam
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Ici au Cameroun, ce qui tue l'éducation de base, c'est ce qu'ils appellent la promotion collective, c'est-à-dire que, quelles que soient les performances de l'élève, il doit évoluer avec ses camarades de promotion. Et dans la plupart des cas, le BEPC le stoppe net en troisième. Et définitivement.

Gilbert LOWOSSOU
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Tu m'apprends un truc nouveau Will! Promotion collective hein?

Fotso Fonkam
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Ouais, promotion collective. Il parait que c'est un système implémenté en Europe – où ils ont 15 élèves en classse. Ici chez nous c'est plus de 100. Et ça tue l'éducation.

Gilbert LOWOSSOU
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Merci pour ton commentaire Will!
Apparemment, c'est un problème commun à nos pays. As tu des approches de solution peut être à énoncer??ça me ferait plaisir.