Burkinabé a pu, Togolais pourras tu ?

Article : Burkinabé a pu, Togolais pourras tu ?
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6 novembre 2014

Burkinabé a pu, Togolais pourras tu ?

 

 

 

L’exemple du Burkina-Faso doit faire école ; il doit inspirer les autres peuples, mettre en garde les dirigeants des autres pays africains qui sont dans une situation identique ou semblable à celle de Blaise Compaoré. C’est bien le souhait de tout le monde. Mais chaque peuple a son histoire, sa culture et sa façon de réclamer ses libertés ; d’ailleurs en cette matière ci, les mêmes causes ne produisent pas toujours les mêmes effets.

Je crois que le peuple burkinabè a démontré à suffisance, que seul le peuple est souverain ; Que « l’on peut tromper et opprimer une partie du peuple éternellement, tout le peuple pendant un temps, mais jamais tout le peuple tout le temps ». Je suis convaincu que peu importe la durée de l’oppression, la volonté réelle du peuple se manifestera toujours.

Le peuple burkinabè a lutté et obtenu le changement qu’il souhaitait ! Je me demande simplement si nous, peuple togolais pouvons faire de même ? Si nous aurons la maturité et le courage nécessaire pour réclamer l’alternance politique qui ne tarde que trop à venir ? Si nous pourrons manifester de façon aussi déterminée que le peuple burkinabè et faire valoir notre souveraineté ? Si nous ne sommes pas trop autarciques, nous qui presque toujours ne pensons qu’à nous même, pour peu qu’on ait le minimum qu’il nous suffit ? Nous qui nous mobilisons rarement pour la cause collective.

A vrai dire, nous ne sommes pas dans le même cas de figure qu’au Burkina-Faso, à quelque chose près  certes.

Notre président n’a pas fait 27 ans au pouvoir ; (il en est à sa dixième année, deux mandats de cinq ans). Certes, il s’est débrouillé en dix ans. Le pays n’est pas comme il devrait, mais il n’est plus comme il était objectivement parlant.

Il n’est pas devenu président après avoir « assassiné » son prédécesseur (ou être soupçonné de l’avoir fait en tout cas).

Il a hérité de la présidence de son défunt père suite à ce que la communauté internationale avait convenu d’appeler un coup d’Etat constitutionnel ; lequel a été suivi par des élections incrédules, une série de violence, de morts et de déplacement des populations. (C’était en 2005).

En plus, légalement la constitution dans sa forme actuelle lui donne la possibilité de se présenter une troisième, voire une énième fois ; le mandat présidentiel est illimité.

Pour l’instant, nul ne sait s’il sera à nouveau candidat à sa propre succession ou pas.

Jusque-là, il fait l’impasse face aux revendications de l’opposition qui demande que ce mandat soit limité à deux (avec effet immédiat), pour qu’il ne puisse plus se présenter à nouveau.

Mais à l’allure où vont les choses, je suis presque sûr qu’il sera candidat ! Et que beaucoup n’iront pas voter, ou iront voter, mais contre quelques billets de CFA de certains partis politiques et que les élections il remportera dans ce cas. Beaucoup sont prêts à tout faire aujourd’hui sans penser à demain.

C’est certain que si troisième mandat il devrait faire, quatrième s’en suivra, et qui sait si il ne perdra pas définitivement  l’envie de passer la main ? Alors oui, ici également, il y a quelque chose à réclamer.

Mais c’est un fait, le togolais a particulièrement peur de défier l’autorité de l’Etat, de se mettre face à un corps habillé. La plupart de nous pense même, que certains réclameront et obtiendront pour nous les réformes que nous souhaitons; que ce n’est pas notre affaire.

Nous avons encore plus peur de tout ce qui est arme à feu. Je me souviens encore d’une scène dans mon quartier il y a peu (ça n’a peut-être pas de rapport direct, mais je le mentionne à dessein) .Nous avions entendu une détonation, quelques tirs d’armes à feu ont résonné au loin, et tout le monde a paniqué. En moins de cinq minutes, toutes les rues étaient quasi désertes. Ce n’est que quelques instants plus tard, quand le silence et le calme sont revenus, que de petits groupes de badauds se formaient pour se demander « qu’est ce qui s’est passé » ? C’était juste des braqueurs poursuivis par des policiers.

Ce n’est pas parce qu’au Burkina ça a marché, qu’ici également ce sera  automatiquement le cas si chacun ne prend ses responsabilités.

Je veux citer les opposants, qui doivent faire preuve de maturité politique et prendre davantage en considération la volonté populaire pour dépasser leurs querelles intestines, se concerter et s’organiser.

Je veux citer également et surtout mes chers frères et sœurs, concitoyens togolais qui doivent pour une fois, s’il devait le falloir, braver les obstacles, se débarrasser de leurs peurs et de leur préférence pour le « chacun pour soi » ; car aucun changement ne s’acquiert facilement.

Mon scepticisme ne veut absolument pas dire que je ne désire pas du changement pour mon pays. Seulement là, j’exprime ma peur de nous voir incapables d’obtenir ce à quoi nous aspirons presque tous.

 

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Commentaires

Fotso Fonkam
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En te lisant, j'ai eu l'impression que tu parlais des Camerounais (à quelques détails près, bien sûr): nous sommes lâches, laxistes, hypocrites et profiteurs. On attend que les autres se sacrifient pour qu'on en profite tous.

De plus, je pense comme toi: sans prise de conscience politique de la part des opposants autant que des électeurs, rien de bon ne pourra se faire.

Je t'attends toujours pour ce que tu sais ;)

A bientôt